Contribution des science écocitoyenne à la durabilité des territoires – TRIAL : Transdisciplinary Research Intervention Anchored in Luxemburg

Personne de contact :

Dorothée Denayer - d.denayer@uliege.be

Étiquettes :

Biodiversité
Dynamique citoyennes & participation
Relation humains / non-humains
Transition écologique

Les objectifs poursuivis par le projet WISD – TRIAL(1)  « Quelles sciences ecocitoyennes pour un territoire durable » étaient de deux ordres » : 1) établir le cadre heuristique d’une « recherche environnementale transdisciplinaire » tournée vers le développement durable et appropriable par les acteurs locaux ; ainsi 2) qu’établir les conditions de possibilité de la création d’un Institut Eco-Citoyen adhoc en province du Luxembourg belge.

La première phase du projet TRIAL a permis au SEED (ULiège) de mener en une enquête exploratoire pour identifier des enjeux environnementaux et de durabilité prioritaires pour la province de Luxembourg (Breda et al. 2018). Par ailleurs une le CPDR (ULouvain) a analyser une vingtaine d’expériences européennes de recherches transdisciplinaires transformative (Herrero et al. 2018). Trois thématiques potentiellement transformatives en province de Luxembourg sont ressorties de l’enquête exploratoire : risque sanitaire lié à l’activité industrielle, prolifération des castors et gestion forestière durable.  Lors d’un forum citoyen, c’est cette dernière qui a été choisie en fonction des enjeux de démocratisation de la gestion forestière et au vu de l’importance stratégique de la ressource en bois dans la province.

Afin d’initier la seconde phase à partir de juin 2018, des contacts vont être noués avec un acteur privé, la Fondation Pairi Daiza, qui venait de conclure avec la Région wallonne et son administration forestière, un contrat de gestion de quatre fois vingt ans qui engagait une gestion « intégrée et différenciée » de la forêt avec une priorité pour la biodiversité (Projet Nassonia). Le contrat stipulait que dans sa phase de conception une Agora d’usagers et d’acteurs du territoire devait être constituée et consultée pour contribuer à l’élaboration du « master plan » qui indiquerait les orientations de gestion pour l’avenir de ce territoire forestier de 1670 hectares au sein du massif forestier de la forêt de Saint Hubert (Belgique) (Bréda et al. 2019).

À l’été 2019, 34 citoyens bénévoles ont été recrutés avec pour mission de constituer un collectif citoyen qui contribuerait à la co-construction du Master Plan (2020-2040) pour le projet de gestion différenciée de la forêt de Saint-Michel Freyr. Si ces citoyens ont été tirés au sort et sélectionnés à partir de critères préétablis – profil socio-démographique, localisation du domicile, relations à la forêt, ainsi que quelques profils spécifiques – leur participation réelle au processus repose sans aucun doute sur une volonté personnelle de prendre part au collectif. Le rôle de ces citoyens était le suivant : contribuer à la production de propositions concernant 4 thématiques prédéfinies que sont la naturalité, l’accueil du public, l’économie du projet et la future Agora des citoyens et des acteurs du territoire. Afin d’atteindre cet objectif, les citoyens ont été épaulés par une équipe de chercheuses de l’Université de Liège (Projet Trial1). Le but étant de mettre au point une méthode de participation qui mette véritablement les compétences citoyennes au centre du processus. Les citoyens ont donc accepté de dédier 5 journées complètes à définir des propositions pour accompagner la gestion de la forêt de Saint-Michel Freyr. Ils ont ensuite désigné des représentants de leur collectif, qui ont eu pour mission d’accompagner ces propositions et de les défendre auprès d’un collectif rassemblant des acteurs du territoire. Enfin, ils ont répondu favorablement aux invitations de ces acteurs à les accompagner dans leurs pratiques de gestion de la forêt (Breda et al. 2021) 

Les citoyens tirés au sort et recrutés se sont en réalité engagé ainsi à rejoindre l’équipe scientifique dans une démarche collective expérimentale. Celle-ci se construit dans une subtile tension et un dialogue entre compétences individuelles et collectives, entre compétences profanes et compétences expertes, y compris en matière de participation même. Elle évoluera au fil des quatre thématique traitée qui sont destinée à nourrir le futur master plan du projet Nassonia qui doit sortir en juin 2020 (Breda et al. 2022).

 

La troisième phase investigue les conditions de possibilité d’une intégration « institutionnelle » de l’institut éco-citoyen dans le paysage conventionnel de l’action publique liant science et société et susceptible d’alimenter une prise de décision plus résiliente à l’échelle du territoire. Résultats attendus : proposer les conditions institutionnelles d’une prise de décision adaptive et ancrée dans des connaissances produites par et sur le territoire de la province Luxembourg, remise d’un avis au Conseil Provincial impliquant citoyens et scientifiques, proposition d’une charte de fonctionnement de l’institut.

Cette troisième phase comme indiqué plus haut a connu un retard important notamment liés aux deux années de confinement liés à la crise du COVID19. Elle a été suspendue en 2020 dans sa version alpha.  Néanmoins un version beta est maintenant en cours de conception. Sa structure opérationnelle « Citizens Footprint Lab » (Laboratoire de délibération citoyenne pour la transition écologique). est constituée d’un collectif hybride de scientifiques du SEED et de praticiens de la facilitation. Elle s’est donné pour mission de co-construire, face à la crise écologique, des processus de délibération interdisciplinaires et participatifs, qui impliquent des citoyen.ne.s et de développer des formes de reconnaissance publique de cette  contribution citoyenne au service de la transition écologique.

 

Partenariat : SEED ULiège – CPDR UCLouvain , financement FNRS WISD 2017-2021, Province de Luxembourg.